Un goût plus loin

Excusez-moi, docteur Charlatan - je crois qu'il est l'heure de prendre mon médicament...Voici l'occasion de faire un petit bilan, et oui ! je crois que dix ans cela se fête non. Dix ans, vous vous rendez compte, dix de mensonges. Je dois vraiment être très atteint pour que cette petite comédie dure autant, remarquez, avec le remède de cheval auquel j'ai eu et auquel j'ai encore droit, tout ceci doit être normal...non ? Oh, j'ai au moins échapper au lithium, je ne peux que m'en féliciter, moi, être contraint d'absorber cette fiole, ni compter pas, si vous m'en parler ne serait-ce qu'une fois, je crains mettre un terme à la politesse courtoise entretenue jusqu'à présent. Je me demande si cela sert encore à quelque chose de s'exprimer, oh vous savez, quand même les mots ne trouvent plus leur sens dans les oreilles de ceux qu'ils les entendent, on peut se poser la question de savoir à quoi peut servir le langage. Cela fait longtemps que je sais que le langage est imparfait, mais tout de même. D'ailleurs j'ai le sentiment d'être parfois un poisson rouge dans son bocal. A la différence c'est que le bocal et l'eau qu'il contient, c'est mon petit univers familial. C'est particulièrement étroit, trop petit pour moi je le crains. Ces eaux sont très sales, vous savez, dix ans c'est long quand on ne change pas l'eau. Pourtant ce poisson ne me semble pas si malade que cela, enfin, je veux dire pas encore mort, pas encore tout à fait mort. N'allez, tout de même, pas imaginer que parce que je sors de temps en temps, je sors de mon bocal pour vous rendre une petite visite et que forcément, je suis à la recherche de parent virtuels, si vous l'avez supposé, je vous rassure tout de suite et je crois plutôt que je ne veux plus de parent du tout. Laissons-les là-où il sont, dans leur petite réalité, vous savez après tant d'années passer à entretenir leur réalité, cela forme obligatoirement une déformation. C'est embêtant, c'est surtout à mon égard. Remarquez, ma réalité quand j'ai parfois arrêté ma dose de médicament, c'est très singulier aussi. Certain même, pourrai affirmer que je ne suis plus en phase avec la réalité et moi je pense que bien au contraire je suis parfaitement en phase avec la réalité, mais c'est une réalité auquel personne n'a été confrontée. Revenons à mes chers parents, on peut dire que ceux-là m'ont bien massacré, ça pour m'avoir gâcher la vie, ils peuvent être fière. Qu'est-ce qu'ils ont pu me faire suer, c'est incroyable, avant, pendant, et encore maintenant. Oh cela doit faire du bien de donner un coup de pied à un brave toutou comme moi, docile et sympathique comme moi. C'est pourtant triste, vous savez de voir à quel point les gens peuvent être bêtes, une bonne petite âme besogneuse, péremptoire et bien imprégniez par un " Poujadisme " de circonstance, c'est navrant. Ce n'est pas que je veuille leur donner tort, mais avec ces gens, on ne peut pas avoir raison. J'ai fait des études, mais il me parle comme si j'avais huit ans. J'explique quelque chose, c'est forcement faux, en revanche ils sont impeccable pour me dire ce que je n'ai pas fait. Dans le premier cas, c'est l'objection par principe, dans le second, c'est le complexe du faire. C'est insupportable, cela là toujours été.