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VISION

JAPON 1943

Au début de l'année 1943, le Japon, bien que blessé, dispose encore d'un vaste empire, gorgé de richesses. Cependant, les faiblesses japonaises deviennent de plus en plus patentes. L'industrie japonaise est incapable de remplacer les appareils, les porte-avions et surtout les pilotes perdus en 1942. Elle n'a d'autre choix que de reconvertir des coques de cuirassés, rendus obsolètes par l'aviation, en porte-avions avec tous les inconvénients que cela implique. Dans le même temps, l'industrie américaine tourne à plein régime, et même si elle doit approvisionner deux théâtres d'opérations, elle fournit la classe de porte-avions Essex, bien supérieure à ce que peuvent réaliser les Japonais. De même, les nouveaux chasseurs américains, comme le Corsair ou le Hellcat, utilisés avec les bonnes tactiques de combat aérien (profiter de leur vitesse supérieure et éviter le combat tournoyant) vont balayer l'aviation japonaise, composée d'appareils comme le Zero, qui étaient désormais déclassés par des adversaires dont la rapidité mettait en évidence leur talon d'Achille, un faible blindage. Le 18 avril 1943, un an exactement après le raid de Doolittle sur le Japon, le commandant en chef de l'armée japonaise, l'amiral Isoroku Yamamoto, est tué lorsque son appareil est abattu par des chasseurs américains P-38 au-dessus de l'île de Bougainville dans l'archipel de Salomon. Le Japon perd ainsi un de ses meilleurs officiers supérieurs.

Pour dégager définitivement l'Australie de la menace japonaise, l'amiral Nimitz planifie l'opération Cartwheel dont l'objectif est la reconquête des îles Salomon, pour isoler la puissante base de Rabaul. La progression américaine est très lente, du fait d'une résistance fanatique des Japonais, qui défendent chaque île jusqu'au dernier homme, de la rudesse du climat et du relief et de l'étirement des lignes de communication et de ravitaillement. L'île de Nouvelle-Géorgie tombe le 25 août 1943, mais les combats sur Bougainville dureront jusqu'à la capitulation japonaise. Néanmoins, Rabaul est isolé, sa garnison de 100 000 hommes y restera jusqu'à la fin de la guerre car les Américains n'ont aucune intention de prendre la ville, désormais inoffensive. Dans le même temps, les îles Aléoutiennes, occupées par les Japonais depuis avril 1942, sont libérées durant l'été 1943.

Les Américains hésitent à présent entre deux stratégies pour se rapprocher du Japon et le contraindre à se rendre. L'amiral Chester Nimitz plaide pour une avancée à travers la Micronésie en capturant successivement les îles Gilbert, Marshall, Carolines, Mariannes et Bonin, dernière étape avant le Japon. De l'autre côté, le général Douglas MacArthur veut passer par le Nord de la Nouvelle-Guinée, les Moluques, puis les Philippines. Les planificateurs américains se prononcent en faveur de Nimitz, mais la puissance américaine est telle que les deux routes seront empruntées simultanément. En novembre, la reconquête des îles Gilbert commence, mais la résistance japonaise y est féroce. Pour la prise du minuscule atoll de Tarawa, 1 000 soldats américains sont tués et seuls 16 soldats japonais sont faits prisonniers sur une garnison de 4 200 hommes. Ces pertes scandalisent l'opinion publique américaine, par contre cette bataille permit de perfectionner les tactiques de débarquement. Une stratégie du saute-mouton est mise en œuvre isolant des îles abritant des bases japonaises, qui sont contournées par des débarquements effectués sur d'autres cibles.

Sur le front de Birmanie, les Japonais sont arrivés aux portes de l'Inde mais sont bloqués sur les contreforts des Naga Hills. Le ravitaillement n'arrive que très lentement, malgré la sanglante construction de la voie ferrée Siam-Birmanie. De plus, la destruction de la flotte japonaise à Midway rend impossible tout soutien aéronaval à l'avancée japonaise. La situation des Britanniques n'est pas pour autant favorable. Gandhi lance son mouvement Quit India et des émeutes paralysent les réseaux de transports, nécessitant une forte présence britannique. De plus, ce front est jugé secondaire par rapport à l'Europe, et les unités indiennes sont envoyés en Afrique du Nord. Malgré tout, les Britanniques lancent des offensives de petite envergure dans le nord de la Birmanie, avec peu de succès. Dans le même temps, ils mettent en place des unités de commandos parfaitement entrainés au combat dans la jungle, les Chindits, pour harceler les arrières japonais. Si les résultats militaires sont discutables, l'action a un effet considérable sur le moral des soldats. Finalement le retour de la mousson ,au milieu de l'été, met fin aux opérations militaires. Une combinaison de facteurs militaires, administratifs et naturels provoquent une immense famine au Bengale, qui fera plus de deux millions de morts.

En Chine, le conflit est bloqué depuis 1938. Quelques affrontements majeurs ont lieu comme à Changsha, dans le Hubei et à Changde mais aucun n'est décisif. De manière générale, les hostilités sont rares, du fait de nombreux accords, tacites ou officieux, entre Japonais et Chinois. Néanmoins, l'occupation japonaise se traduit par de très nombreuses exactions, comme lors de l'application de la Politique des Trois Tout en 1942. Pour ravitailler la Chine, le général américain Joseph Stilwell met en place un pont aérien entre l'Assam en Inde et Kunming en Chine. La route, surnommée The Hump (la bosse) par les aviateurs, franchit l'Himalaya et permit de transférer plus de 600 000 tonnes de matériel avant la fin de la guerre.

En novembre 1943, le Japon organise la conférence de la Grande Asie orientale dont l'objectif est la réorganisation de l'Asie avec la création de gouvernements locaux alliés du Japon. Bien que cette conférence ait avant tout eu un rôle de propagande, elle montre également une évolution dans la pensée des dirigeants japonais. Voyant les défaites s'accumuler, ils considèrent que des relations basées sur la coopération plutôt que sur l'asservissement seraient plus efficaces pour fédérer les peuples asiatiques contre les colonisateurs européens. Cependant, cette conception entre en contradiction avec la volonté du Quartier général impérial. De plus, cette évolution arrive trop tard pour influer sur le cours de la guerre.

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