DONJONS & DRAGONS
Donjons et Dragons (en anglais Dungeons & Dragons), souvent abrégé en D&D, DnD ou AD&D, est l'un des tout premiers jeux de rôle sur table de genre médiéval-fantastique.
Le jeu a été créé dans les années 1970 par les Américains Gary Gygax et Dave Arneson. Gygax a aussi fondé la première société d'édition de jeux de rôle, Tactical Studies Rules (plus connue sous le sigle de TSR) pour diffuser ce jeu.
Joueurs typiques d'une partie de Donjons et Dragons, avec leur matériel : livres de règles, feuilles de personnages et crayons à papier, dés spéciaux et plan effaçable de type tableau blanc.
Étymologie
Le titre originel anglais est « Dungeons & Dragons ». Le mot « dungeon » est un faux ami signifiant « oubliettes » et est utilisé ici dans le sens plus général de « souterrains ». En effet, même si au XIVe siècle on retrouve l’emploi du mot dungeon pour désigner la tour centrale d’une fortification, le sens du mot a dévié pour ne désigner que les cachots souterrains construits à l’intérieur des donjons : les oubliettes. Le mot courant en anglais moderne pour « donjon » est « keep ».
Dungeons & Dragons se traduit donc par « Oubliettes et Dragons ». La traduction en « Donjons et Dragons » doit certainement beaucoup à sa qualité euphonique.
Historique et origine
Donjons et Dragons est directement issu du monde du wargame : Gary Gygax et Dave Arneson veulent faire évoluer un wargame nommé Chainmail (créé en 1971 par Gygax et Jeff Perren (en)), mais ils suivent un cheminement qui les amène à imaginer un jeu où les héros de wargames vivraient des aventures personnelles entre leurs grandes campagnes militaires.
Bien que le jeu de rôle ait existé bien avant, sous d'autres formes et d'autres noms, Gygax et Arneson sont les premiers à le formaliser et à lui donner des règles précises et détaillées.
Les premières polémiques
Le jeu commençant à avoir du succès, des polémiques naissent dans les années 1980, en provenance des milieux chrétiens traditionalistes. C'est ainsi que Patricia Pulling (en) fonde en 1983 l'association Bothered About Dungeons and Dragons (BADD, litt. « préoccupé par Donjons et Dragons »)1 et que le dessinateur Jack Chick produit en 1984 les Chick Tracts Dark Dungeon, une collection de courtes bandes dessinées militantes visant à convertir le jeune public au fondamentalisme chrétien.
Départ de Gygax de TSR
Peu après la sortie de la boîte de jeu, Gary Gygax découvre que, pendant son séjour à Hollywood lors de l'adaptation en série de dessins animés du jeu, TSR rencontre de sérieuses difficultés financières. De retour à Lake Geneva, Gygax parvient à assainir la situation financière et à remettre TSR sur pied. Cependant, les différentes visions sur le futur de TSR provoquent une lutte de pouvoir au sein de la société et, en définitive, Gygax est contraint de quitter la société qu'il a fondé le 31 décembre 1985.
Selon les termes de son accord avec TSR, Gygax garde les droits de Gord the Rogue ainsi que ceux des personnages de Donjons et Dragons dont les noms sont des anagrammes ou des versions de son propre nom, comme Yrag et Zagyg. Cependant, il perd les droits sur tout le reste de son œuvre, y compris le Monde de Faucongris (Greyhawk) et les noms de tous les autres personnages jamais utilisés dans les publications de TSR.
Cession à Wizard of the Coast
Fin 1996, TSR se retrouve très endetté et dans l'incapacité de payer ses imprimeurs. En 1997, au moment où la faillite semble inévitable, la société Wizards of the Coast intervient et, forte des revenus générés par son jeu de cartes à collectionner Magic: The Gathering, rachète TSR et toutes ses licences.
En 1991 paraît la version « consolidée » de Donjons et
Dragons « règles non-avancées » sous la forme de deux produits :
- une boîte de couleur noire, dite « Black Box », destinée à l'initiation et contenant du matériel didactique : les règles sont présentées progressivement sur des fiches cartonnées (le Jeu d'initiation des cartes-dragon) avec des mini-scénarios solos à chaque étape pour mettre en œuvre les règles et concepts ;
- un ouvrage contenant la totalité des règles, le Rules Cyclopedia.
Advanced Dungeons & Dragons, « édition 2.5 »
En 1995, les livres de règle de base sont légèrement révisés et une série de manuels optionnels pour les joueurs sortent, en tant que livres de règle de base optionnels. Bien que toujours référencés par TSR (puis Wizards of the Coast — WOC) dans la seconde édition, cette révision est regardée par les fans comme une édition distincte et parfois nommée AD&D 2.5.
En 2000, la 3e édition de D&D (le terme Advanced étant abandonné) est publiée par Wizards of the Coast sous la direction de Jonathan Tweet. Le système de jeu est complètement revu et prend le nom de d20 System, un système dont l'éditeur a autorisé l'utilisation par d'autres éditeurs (sous licence ludique libre, en anglais Open Gaming License — OGL).
Le d20 system est conçu pour la 3e édition : au contraire des éditions précédentes, qui enfermaient les personnages dans des stéréotypes et multipliaient les règles pour chaque type d'action — les règles les plus développées étant celles de combat — le d20 system est un système qui se veut beaucoup plus générique et modulable. Il apporte une grande cohérence et une plus grande rapidité de résolution par rapport aux règles des éditions précédentes, tout en conservant les mécanismes familiers des joueurs tels que l'alignement ou les points de vie et d'expérience. D'autre part, les classes de personnage, races et monstres autocensurés dans AD&D2 réapparaissent (notamment les Tanar'ri et Baatezu).
Le système fait toujours appel à des classes de personnage, sortes de stéréotypes d'aventuriers, mais celles-ci sont désormais beaucoup plus variées. La personnalisation via un système de « dons » et le multi-classage, qui est désormais beaucoup plus accessible, permettent de varier les personnages et donc de mettre en avant l'idée que le joueur se fait du personnage.
La plupart des actions sont résolues en comparant le résultat d'un dé à vingt faces (auquel on ajoute divers bonus et malus) à une valeur numérique appelée « facteur de difficulté » (FD) (aussi appelé « degré de difficulté » — DD). Cette notion s'applique à tous les jets de résolution d'action, y compris le combat (la classe d'armure étant une des composantes du FD) et les jets de sauvegarde.
Lors de la création du système, Monte Cook a utilisé sa propre campagne, Ptolus (en). Cette campagne a été publiée en 2006 chez Malhavoc Press. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un univers médiéval-fantastique comme la plupart des univers, mais d'un univers de science fantasy, ce qui pourrait expliquer que dans cette version, la magie puisse paraître comme un substitut à la technologie (les objets magiques sont courants et jouent le rôle des outils et machines contemporains).
Dungeons & Dragons, édition 3.5
En 2003 sort l'édition 3.5 de Donjons et Dragons. Cette édition n'est qu'une révision de la précédente. Elle est élaborée en se fondant sur les FAQ (Foires aux questions) trouvées sur Internet (lorsqu'une FAQ a besoin d'être utilisée, c'est parce qu'un point de règle demeure incertain dans l'esprit des joueurs) et sur les recommandations des joueurs eux-mêmes.
Les auteurs profitent pour remettre à niveau dans le Manuel des joueurs certaines classes de personnages jugées trop ou pas assez puissantes. De plus, quelques sorts sont ajoutés et d'autres revus. Le Guide du maître, lui, est complètement réformé. Quant au Manuel des monstres, il subit de légères modifications quant à la présentation des monstres (le plus visible étant au niveau des attaques et des dégâts), et certains monstres sont rééquilibrés. De plus, pour certains monstres importants, comme le balor, le manuel donne un exemple de stratégie à suivre par la créature lors d'un combat.
Dungeons & Dragons, 4e édition
Le 6 juin 2008, la 4e édition de Donjons et Dragons, surnommée « 4E », sort simultanément aux États-Unis et en France. Le jeu est toujours produit par Wizards of the Coast, la traduction française étant assurée par l'éditeur Play Factory. Les personnages-joueurs progressent désormais sur 30 niveaux, découpés en trois échelons : « héroïque » (1-10), « parangonique» (11-20) (trois ou quatre voies parangoniques différentes pour chaque classe) et « épique » (21-30).
Parutions en français
En janvier 2016, Wizards of the Coast met le document de référence du système (DRS ou SRD, system reference document) en téléchargement gratuit et sous licence ludique libre (OGL) ; deux éditeurs français annoncent qu'ils vont traduire le DRS et développer un produit propre : Dragons, le jeu de rôle pour Studio Agate et Héros & Dragons pour Black Book Éditions. Le 21 mars 2017, l'éditeur américain annonce que la gamme sera traduite dans d'autres langues sous la responsabilité de Gale Force Nine (GF9).
Le 12 mars 2017, l'éditeur annonce le lancement du projet D&D Beyond qui se veut un ensemble d'outils numériques sur différents types d'appareils pour aider à la gestion de parties.
Du point de vue de la mécanique de jeu, les auteurs ont décidé de limiter les bonus aux jets de dés (concept appelé bounded accuracy). Ainsi, la montée en niveaux des personnages n'entraîne pas une montée en puissance illimitée, ce qui permet de maintenir un suspense dans les combats et autres oppositions. En particulier, un personnage de haut niveau peut être submergé par une horde de créatures de faible niveau.
La boîte Basic Set « Holmes » de 1977 est vendue en France et certaines boîtes contiennent une traduction sous la forme de feuilles volantes photocopiées. Cette traduction que l'on a longtemps considérée comme « pirate » serait en fait l'œuvre de l'éditeur Avalon Hill.
Un livre français, appelé Donjons & Dragon, le jeu de rôle et de stratégie de la nouvelle génération (Mathilde Maraninchi) est paru en 1982. Il s'agit d'un jeu de rôle indépendant, bien que très inspiré par D&D, édité sans l'aval de TSR et donc en violation avec la propriété intellectuelle.
En 1983, la boîte magenta « Moldvay », « Manuel de base avec module d'introduction », est traduite mais la publication est de qualité médiocre. Puis en 1985, la trilogie Basic Set, Expert Set et Companion Set est traduite et publiée par Transecom sous la forme de trois boîtes :
- Donjons et Dragons Règles de base — Boîte 1, surnommé « la boîte rouge » et contenant deux livrets (Livret du maître du donjon et Manuel des joueurs) et un jeu de dés ;
- Donjons et Dragons Règles expert — Boîte 2, surnommé « la boîte bleue » et contenant deux livrets (un livret de règles et le module X1) ;
- Donjons et Dragons Règles compagnon — Boîte 3 (sans surnom, la boîte étant également bleue), contenant deux livrets (un pour les joueurs et un pour le maître du donjon).
La boîte noire de 1991 est traduite par Hexagonal sous le nom Donjons et Dragons, le jeu.
Les règles avancées (AD&D) sont traduites en 1987 par Transecom. Le même éditeur traduit la deuxième édition. L'édition révisée dite « 2.5 » est traduite par Jeux Descartes en 1996.
Les éditions 3.X sont traduites et publiées par Spellbooks (Asmodée) l'année même de leur publication en version originale, donc en 2001 pour D&D3 et 2003 pour D&D3.5. La quatrième édition est traduite et publiée par Play Factory l'année de sa publication en VO, en 2008.
Concernant l'édition 5, dans un premier temps (2014), Wizards of the Coast ne cède aucune licence de traduction. Lorsqu'en 2016 ils publient le DRS sous licence ludique libre, deux éditeurs français lancent une campagne de financement participatif pour financer la traduction de ces règles : Black Book Éditions, sous le nom Héros & Dragons, sur leur propre plateforme de financement, et Agate RPG (éditeur des Ombres d'Esteren), sous le nom Dragons, le jeu de rôle, sur la plateforme Ulule.
En 2017, c'est l'éditeur Black Book Éditions qui obtient la licence de traduction de D&D5 auprès de Gale Force 967. Le 23 décembre 2019, l'éditeur annonce qu'il ne peut plus vendre les ouvrages. En février 2020, la licence échoit à Asmodee mais en juin 2021, Wizards of the Coast annonce qu'elle supervisera elle-même les traductions en français sans recourir à la sous-traitance.
Les mondes de Donjons et Dragons et leurs inspirations
Donjons et Dragons a la particularité de ne pas proposer un décor de campagne (univers de jeu) étoffé dans ses livres de base. Ces univers sont développés dans de nombreux suppléments annexes. L'ensemble de ces univers de jeu est nommé le Multivers, car la réalité et les univers de Donjons et Dragons peuvent être multiples et interconnectés.
Inspirations
L'épée Excalibur brandie par la Dame du Lac (mythe Arthurien). Statue sise au lac Kingston Maurward en Angleterre.
D'après un entretien donné par Gary Gygax en 1985, la première édition de Donjons et Dragons s'est inspirée avant tout d'auteurs de fantasy américains dont Robert E. Howard, L. Sprague de Camp, Fletcher Pratt (en), Fritz Leiber, Poul Anderson, Abraham Merritt et H.P. Lovecraft. L'influence de Tolkien, auteur du Seigneur des anneaux, est minime et fut motivée par la demande des joueurs et l'immense succès de l'œuvre.
Le jeu s'inspire également, de façon plus indirecte et dans une moindre mesure, des mythes antiques (mythologie gréco-romaine) et médiévaux (la légende arthurienne, l'épopée Beowulf et la mythologie nordique) ainsi que de contes et de légendes de continents variés (Les Mille et Une Nuits). Certaines de ces inspirations sont approfondies pour un univers en particulier. Ainsi Ravenloft s'inspire principalement des histoires de vampires et de la littérature gothique européenne, Al-Qadim s'inspire de la culture perse et des Mille et une nuits, etc. Le concept de Multivers s'inspire des romans et nouvelles d'auteurs de fantasy comme Michael Moorcock.
Univers générique
Si aucun univers n'est décrit dans les règles de base (Manuel des joueurs, Guide du maitre, Manuel des monstres), il se dessine toutefois une sorte « d'univers générique », parfois appelé dungeonverse (mot-valise entre dungeon et universe).
C'est un univers de type fantasy où l'on retrouve, également Flipk the dark (Flipk le sombre) un orque des ténèbres du 17ème territoire, mais aussi le mage Dékoup Balooun Desgoss avec ses trois gnomes de Klich. Dans la saga, se trouve dans les épisodes 7 et 11, la bande du chevalier aux roses séchées